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Luge start: Link with anthropometric factors and upper body strength

Figure 1. Illustration de la phase de dรฉpart en luge.

La luge est un sport de glisse sur glace, discpline olympique depuis les jeux d’hiver de 1964 ร  Innsbruck, Autriche. Les athlรจtes ont pour but de descendre une piste artificielle glacรฉe le plus rapidement possible. Le dรฉpart est arrรชtรฉ, l’athlรจte est assis sur sa luge et se propulse en tirant avec les bras sur deux poignรฉes fixรฉes de part et d’autre de la piste (Fig. 1). Les vitesses maximales peuvent dรฉpasser les 120 kmยทh-1 et les places entre les athlรจtes se jouent gรฉnรฉralement sur des centiรจmes de seconde.

Parmi les facteurs influenรงant la performance dans ce type de sport, nous pouvons citer les facteurs mรฉcaniques comme l’aรฉrodynamismela rรฉsistance de friction, les facteurs environnementaux comme les conditions climatiques, la tempรฉrature et les facteurs liรฉs ร  l’athlรจte comme la rรฉaction aux ordres de dรฉpart, l’รฉquipement, et la phase de dรฉpart.

Parmi ces facteurs, la phase de dรฉpart, et surtout le temps sur les 10 premiers mรจtres, est considรฉrรฉe comme le meilleur prรฉdicteur de la performance d’une descente. C’est durant cette phase de dรฉpart que l’athlรจte se prรฉpare ร  s’รฉjecter : Assis sur sa luge, tout en se tenant aux poignรฉes de dรฉpart, il fait glisser la luge vers l’avant avant d’accรฉlรจrer la luge vers l’arriรจre en recherchant une amplitude maximale. Cette phase permet d’activer le cycle รฉtirement-dรฉtente des chaรฎnes musculaires du tronc. Puis, l’athlรจte va tirer sur les poignรฉes de dรฉpart de maniรจre explosive pour gagner de la vitesse. Lorsque les hanches passent devant les poignรฉes, l’athlรจte pousse sur celles-ci. Une fois sorti de la porte de dรฉpart, il a la possibilitรฉ de griffer la piste, gรฉnรฉralement entre 3 et 6 fois selon la piste, avec ses gants munis de petites pointes mรฉtalliques (environ 4 mm de longueur) pour continuer ร  accรฉlรฉrer, avant de s’allonger sur sa luge.

L’รฉtude rรฉalisรฉe

Puisque la phase de dรฉpart est le seul moment oรน l’athlรจte peut accรฉlรฉrer physiquement la luge, une รฉquipe de chercheurs amรฉricains a publiรฉ en octobre 2011 une รฉtude dans laquelle ils รฉtudiaient les facteurs physiques et anthropomรฉtriques du haut du corps liรฉs ร  la performance temporelle de la phase de dรฉpart.

Figure 2. Placement des cellules photoรฉlectriques sur la phase de dรฉpart.

Pour cela, 22 athlรจtes, femmes et hommes, appartenant aux รฉquipes nationales amรฉricaines Junior (9 athlรจtes) et Sรฉnior (13 athlรจtes) ont participรฉ ร  cette รฉtude. Tous ces athlรจtes avaient au minimum 3 ans d’expรฉrience en luge, avec plusieurs participations aux jeux olympiques et au moins 1 annรฉe d’expรฉrience en musculation.

La performance chronomรฉtrique

L’รฉtude a consistรฉ en 2 phases distinctes. Tout d’abord, ils ont relevรฉ les meilleures performances chronomรฉtriques sur la phase de dรฉpart (Fig. 2) en 2007, lors d’un championnat national de dรฉpart. Des cellules photoรฉlectriques permettaient de mesurer le temps. Chaque athlรจte avait le droit ร  2 essais, le meilleur des deux รฉtait retenu pour l’รฉtude.

La force du haut du corps

Ensuite, les athlรจtes ont participรฉ ร  des tests de force du haut du corps rรฉpartis sur 2 journรฉes. Lors de la premiรจre journรฉe, il ont dรฉterminรฉ le 1RM au dรฉveloppรฉ couchรฉ, pieds sur le banc (Fig. 3) et ont rรฉalisรฉ le maximum de tractions main en pronation sur 15 secondes (exceptรฉ pour le groupe de Junior). Lors de la seconde journรฉe, ils ont dรฉterminรฉ le 1RM au tirage allongรฉ (Fig. 4) et aux tractions lestรฉes, mains en pronation (Fig. 5).

Les paramรจtres anthropomรฉtriques du haut du corps

Finalement, des mesures du haut du corps ont รฉtรฉ prises :

  • L’envergure
  • La largeur biacromiale (i.e., la largeur d’รฉpaule)
  • La longueur de main
  • La distance acromio-radiale (i.e., la longueur du membre supรฉrieur, de l’รฉpaule jusqu’au poignet)
  • La distance acromio-olรฉcranienne (i.e., la longeur du bras, de l’รฉpaule au coude)
  • La hauteur assis (i.e., du sol ร  la 7รจme vertรจbre cervicale lorsque l’athlรจte est assis)
  • La taille des sujets

A partir de ces tests, les chercheurs ont รฉtudiรฉ statistiquement les donnรฉes ร  l’aide d’une matrice de corrรฉlation de Bravais-Pearson pour voir quels paramรจtres de force ou anthropomรฉtriques รฉtaient les mieux liรฉs ร  la performance chronomรฉtrique lors de la phase de dรฉpart.

Rรฉsultats & Analyses

Les rรฉsultats statistiques de cette รฉtude sont prรฉsentรฉs dans la table 1 :

Corrรฉlations statstiques entre la performance chronomรฉtrique, la force et des variables anthropomรฉtriques chez des athlรจtes de luge des รฉquipes nationales amรฉricaines junior et sรฉnior.
Groupe รฉquipe nationale junior (n=9)Groupe รฉquipe nationale sรฉnior (n=13)
Test de force – Haut du corps
Max. Tractions pronation-0.69*
Dรฉvรฉloppรฉ couchรฉ 1RM-0.76*-0.76*
Tirage allongรฉ 1RM-0.76*-0.82*
Traction pronation lestรฉe 1RM-0.64-0.81*
Mesures anthropomรฉtriques
Envergure-0.64-0.58*
Largeur d’รฉpaules-0.62-0.71*
Longueur de main-0.64-0.51
Longueur membre supรฉrieur-0.56-0.53
Longueur de bras-0.74*-0.58*
Hauteur Sol-C7-0.31-0.12
Taille-0.61-0.62*
1RM : 1 rรฉpรฉtition maximale ; C7 : Septiรจme vertรจbre cervicale.
*Corrรฉlation significative (p < 0.05)

Concernant les tests de force du haut du corps, le tirage allongรฉ montre la plus forte corrรฉlation avec le temps de dรฉpart, dans les deux groupes. Nรฉanmoins, les autres exercices, dont le dรฉveloppรฉ couchรฉ, montrent de fortes corrรฉlations รฉgalement. Il semblerait que le travail de la force musculaire sur les muscles agonistes et antagonistes de la ceinture scapulaire soit liรฉ ร  une meilleure performance chronomรฉtrique de dรฉpart. Il apparaรฎt รฉvident qu’il existe un trรจs bon transfert de performance, les exercices รฉtant assez proches des mouvements rรฉalisรฉs lors du dรฉpart en luge, exception faite du dรฉveloppรฉ couchรฉ.

Concernant les donnรฉes anthropomรฉtriques, la seule corrรฉlation significative aux deux groupes est la longueur de bras. Cette corrรฉlation pourrait venir du fait que le bras possรจde la masse musculaire la plus importante du membre supรฉrieur. C’est un des critรจres qui pourrait entrer en compte lors de la dรฉtection de jeunes athlรจtes.

Applications pratiques

Les exercices utilisรฉs dans cette รฉtude pour tester la force des athlรจtes servent รฉgalement ร  รฉvaluer les athlรจtes nationaux amรฉricains. Or la force maximale sur ces exercices du haut du corps apparait comme un facteur trรจs important de la performance du dรฉpart en luge. Nรฉanmoins, ce dรฉpart est un mouvement trรจs technique qui nรฉcessite une phase d’apprentissage et de perfectionnement assez longue. Les jeunes athlรจtes moins expรฉrimentรฉs s’amรฉlioreront bien plus avec un entraรฎnement basรฉ sur la technique. Cependant, plus la technique sera maรฎtrisรฉe et plus l’athlรจte devra amรฉliorer ses capacitรฉs physiques comme la force maximale et l’explosivitรฉ.

Il serait intรฉressant de tester, sur ces exercices, d’autres paramรจtres cinรฉtiques tels que la puissance, le taux de dรฉveloppement de force (i.e., la force explosive) et la vitesse, par exemple. Car si la force maximale est importante, elle n’implique pas forcรฉment une meilleure explosivitรฉ ou une plus grande puissance.

Rรฉfรฉrence

Crossland BW, Hartman JE, Kilgore JL, Hartman MJ and Kaus JM. Upper-body anthropometric and strength measures and their relationship to start time in elite luge athletes. J Strength Cond Res 25 (10) : 2639-2644, 2011.