Les bienfaits de l’endurance et de la musculation chez des adolescents obèses

Le surpoids et l’obésité sont considérés comme des maladies par l’Organisation Mondiale de la Santé. Et comme nous vous l’expliquions au mois de mai 2013, l’obésité se définit comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé. Or, l’accumulation de graisse abdominale, et en particulier de graisse viscérale est un important facteur de risque pour la résistance à l’insuline et les maladies cardio-métaboliques. Mais comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, la pratique d’une activité sportive régulière d’endurance ou de musculation a des effets bénéfiques sur la composition corporelle et la santé cardio-métabolique.

L’obésité et l’augmentation de tissus adipeux a d’autres conséquences sur l’organisme. Certaines études montrent un effet délétère sur les os, tandis que d’autres lui trouve un effet protecteur. Toutefois un concensus existe sur l’association de l’obésité aux processus inflammatoires liés à un déséquilibre entre les adipokines pro- et anti-inflammatoires. Par exemple, si l’adiponectine (une adipokine) peut permettre de lutter contre l’ostéoporose en protégeant la masse osseuse, sa concentration chez les personnes souffrant d’obésité est réduite. Alors qu’une concentration élevée en leptine et en autres adipokines aura des conséquences néfastes sur la masse osseuse.
Que ce soit l’entraînement en endurance ou en musculation, ces pratiques montrent des effets bénéfiques chez des adolescents obèses tant au niveau des marqueurs de la composition corporelle (i.e., masse grasse sous-cutanée, masse grasse viscérale, masse musculaire, etc.) qu’au niveau des marqueurs métaboliques comme l’insuline ou le cholestérol. Il existe cependant encore peu d’études sur les bénéfices d’un entraînement mélangeant les deux pratiques sur le métabolisme osseux et les processus inflammatoires…
L’étude réalisée
En 2013, une équipe de chercheurs de l’université de São Paulo a comparé les effets d’un entraînement aérobie seul avec ceux d’un entraînement combinant l’endurance à un entraînement en musculation sur les marqueurs inflammatoires et le métabolisme osseux chez des adolescents obèses durant une année entière.
Pour cette étude, les chercheurs ont recruté 53 adolescents souffrant d’obésité âgés de 14 à 18 ans, mais seuls 42 (28 filles et 14 garçons) sont allés au bout de l’étude. Ces adolescents ont été répartis en deux groupes de 21 personnes :
- End : 3 séances par semaine de 60 minutes d’endurance sur tapis roulant ou sur cyclo-ergomètre. L’intensité correspondait au premier seuil ventilatoire.
- End + Muscu : 3 séances par semaine de 60 minutes comprenant 30 minutes d’endurance sur tapis ou cycle et 30 minutes de musculation. L’endurance était réalisée au premier seuil ventilatoire. Pour la musculation, les adolescents réalisaient 6 exercices sollicitant tous les groupes musculaires, 3 séries par exercice. Chaque semaine, les charges étaient d’intensité différentes : légères (i.e., 15-20 reps), moyennes (i.e., 10-12 reps) ou lourdes (6-8 reps).
Puisque l’étude a duré une année complète, les adolescents ont été soumis à différents tests au début et à la fin de l’étude :
- Mesures anthropométriques : Masse corporelle, taille, masses grasses sous-cutanée et viscérale, densité minérale osseuse et composition minérale osseuse.
- Mesures métaboliques : Concentration en leptine, ghréline et adiponectine. Calcul de l’index de résistance à l’insuline.
En plus, de l’intervention physique, les adolescents ont été suivis médicalement, psychologiquement et un programme nutritionnel a été mis en place pour leur apprendre comment mieux manger et organiser leur repas en fonction de leurs besoins.
Résultats & Analyses
L’un des principaux résultats de cette étude est que les deux modes d’entraînement ont montré des bénéfices chez les adolescents obèses au niveau de la masse grasse totale, sous-cutanée et viscérale. Toutefois, seule la pratique combinant l’endurance et la musculation a permis de gagner en masse maigre (Fig. 4) et de stimuler la densité minérale osseuse (Fig. 5). Les contraintes mécaniques imposées sur le squelette par la musculation ont pu stimuler suffisamment la masse osseuse pour permettre de conserver une bonne densité minérale osseuse malgré la perte de masse grasse, et donc de masse corporelle totale.
Les deux modes d’entraînement ont également permis de diminuer significativement la résistance à l’insuline(Fig. 6), mais seul l’entraînement combinant endurance et musculation a permis de diminuer significativement la concentration en leptine (Fig. 8), tout en augmentant significativement la concentration en adiponectine (Fig. 7). Une concentration élevée en adiponectine est un important marqueur anti-inflammatoire, de plus, elle favorise la construction osseuse. De même, une concentration faible en leptine semble avoir un rôle protecteur de la masse osseuse.
Applications pratiques
Une étude a mis en évidence que les programmes visant à la perte de poids chez les personnes souffrant d’obésité avaient également un rôle néfaste sur la densité minérale osseuse. Cette étude montre une fois de plus les bienfaits de la musculation en complément à une activité physique régulière et à un suivi nutritionnel. Un entraînement combinant de l’endurance et de la musculation permet d’améliorer la composition corporelle en diminuant la masse grasse sous-cutanée et viscérale (fortement corrélée aux maladies métaboliques et cardio-vasculaire) et de stimuler la densité minérale osseuse tout en diminuant les processus inflammatoires. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les statistiques réalisées par les chercheurs ont montré que la masse grasse viscérale et la résistance à l’insuline sont inversement corrélées à la densité minérale osseuse.
Référence
Campos RMS, Tulio de Mello M, Tock L, Silva PL, Masquio DL, de Piano A, Sanches PL, Carnier J, Corgosinho FC, Foschini D, Tufik S and Damaso AR. Aerobic plus resistance training improves bone metabolism and inflammation in obese adolescents. J Strength Cond Res In Press.