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Impact de 5 facteurs sur l'espérance de vie

par A. Manolova | 11 Mai 2018

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Les maladies chroniques cardiovasculaires et métaboliques sont aujourd'hui en expansion et elles sont parmi les premières causes de la mortalité dans le monde. Pour une grande majorité de cas, les malades pourraient voir leur état de santé s'améliorer et certaines maladies pourraient même être évitées si certaines conditions au niveau de l'hygiène de vie étaient remplies. Ainsi une activité physique régulière et une alimentation saine font partie des conditions indispensables pour limiter l'apparition de certains problèmes de santé et de certaines maladies. La consommation d'alcool et de tabac sont également des facteurs de risque importants. Une méta-analyse épidémiologique a d'ailleurs montré qu'environ 60% des morts prématurées étaient attribuables à de mauvais choix pour la santé comme fumer, boire excessivement, la sédentarité, une mauvaise alimentation et l'obésité.

Nous sommes, dans l'ouest, la première génération dans l'histoire humaine où la majeure partie de la population doit s'exercer délibérement pour rester en bonne santé.
– Prof. J.N. Morris

Bien qu'étant un des pays développés les plus riches du monde, l'espérance de vie des américains est la 31ème dans le monde, avec une dépense pour la santé équivalente à 17.1% du PIB. Les maladies cardiovasculaires et les cancers sont les principales maladies, mais aussi les plus coûteuses. Elles sont pourtant en grande partie évitables. Mais quel est réellement l'impact des habitudes de vie saine sur l'espérance vie ?

L'étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe internationale de chercheurs a statistiquement analysé les données de différentes études épidémiologiques réalisées lors d'un suivi de plusieurs années chez des femmes et des hommes américains pour quantifier l'association entre certains facteurs positifs sur l'hygiène de vie et la mortalité. A l'aide d'autres données statistiques sur la population américaine, les chercheurs ont pu alors estimer l'impact de ces facteurs sur l'espérance de vie.

Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données issues de la Nurses' Health Study (NHS), une étude épidémiologique sur des infirmières américaines âgées de 30 à 50 ans, de 1980 à 2014 et regroupant des informations liées à la santé, au style de vie et à l'alimentation. Pour obtenir des informations sur un public masculin, les chercheurs se sont servis de l'étude Health Professionals Follow-Up Study (HPFS) menée par Harvard et le National Cancer Institute sur l'état de santé de professionnels de la santé (40 à 75 ans) de 1986 à 2014. Les données issues de cette étude étaient les mêmes que pour l'étude NHS, l'objectif était de voir l'impact de l'hygiène de vie et des comportements alimentaires sur les maladies et la mortalité. Au total, les chercheurs ont exploité les données de 78865 femmes et 44354 hommes.

Les chercheurs ont identifié arbitrairement 5 facteurs à faible risque liés au style de vie : l'alimentation, l'activité physique, fumer, boire de l'alcool et l'index de masse corporelle :

  • La qualité de l'alimentation était évaluée via un système de notation validé scientifiquement et fortement associé avec le début des maladies cardiométaboliques chez les personnes lambda. Une diète saine était définie par un score dans le top 40%. Le système de notation comprenait 10 critères, chacun recevant une note de 0 à 10, 10 étant la meilleure note : Grandes quantités de légumes, de fruits, de fruits secs à coque dure, de céréales, d'acides gras polyinsaturés, d'acides gras Oméga-3 à longues chaînes et faibles quantités de viandes rouges, de boissons sucrées, de graisses trans et de sodium.
  • Pour l'activité physique, il fallait réaliser au moins 30 minutes par jour d'activité modérée ou vigoureuse qui nécessitent une dépense énergétique d'au moins 3 METs-heure (soit 180 METs-minutes, donc 1 heure à 3 METs ou 30 min à 6 METs).
  • Pour le tabac, le faible risque était de n'avoir jamais fumé.
  • Pour l'alcool, le faible risque correspondait à une consommation modérée, c'est-à-dire entre 5 et 15 g/jour pour les femmes et 5-30 g/jour pour les hommes.
  • Pour l'index de masse corporelle (IMC), le faible risque se définissait par un IMC compris entre 18.5 et 24.9 kg/m².

Pour chaque facteur à faible risque, le participant recevait 1 point s'il satisfaisait les exigences de chaque facteur. Si ce n'était pas le cas, aucun point n'était attribué. Ainsi un résultat de 5 indiquait le style de vie "le plus sain", et 0, le "moins sain".

Les chercheurs ont ensuite utilisé les données d'une étude réalisée entre 2013 et 2014 (NHANES) pour estimer la distribution des facteurs liés au style de vie parmi la population américaine. Et enfin, en utilisant les statistiques sur la mortalité aux Etats-Unis, ils ont estimé une espérance de vie basée sur les facteurs à faible risque liés au style de vie.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude montrent que l'adhérence aux 5 facteurs liés au style de vie pourrait permettre une augmentation de l'espérance de vie à 50 ans de 14 ans chez les femmes et de 12.2 ans chez les hommes (Fig. 1). En 2014, l'espérance de vie d'un américain adulte de 50 ans était de 33.3 ans pour les femmes et de 29.8 ans pour les hommes. Si ceux-ci ne suivent aucun des 5 facteurs liés au style de vie, alors l'espérance de vie tombe à 29 ans chez les femmes et 25.5 chez les hommes. Mais s'ils suivent les 5 facteurs, alors cette espérance de vie grimperait à 43.1 ans chez les femmes et 37.6 chez les hommes. Malheureusement l'adhérence à un style de vie sain (c'est-à-dire aux 5 facteurs) est passé de 15% entre 1988 et 1992 à seulement 8% entre 2001 et 2006, conduit principalement par l'augmentation de l'obésité. Et même si l'espérance de vie des américains a augmenté entre 1940 et 2014 (+ 2 ans), son augmentation a probablement été ralentie par l'augmentation de l'obésité et la diminution de l'activité physique.

Espérance de vie à 50 ans en fonction du nombre de facteurs liés au style de vie adoptés

Figure 1. Espérance de vie à 50 ans en fonction du nombre de facteurs liés au style de vie adoptés.

Sur la durée totale du suivi, 42167 morts ont été enregistrées (dont 13953 causées par un cancer et 10689 causées par une maladie cardiovasculaire). D'après les auteurs de cette étude, la moitié des morts dues au cancer et les trois quarts des morts dues aux maladies cardiovasculaires seraient attribuables au manque d'adhérence aux facteurs d'une vie saine. Sur l'espérance de vie gagnée en adoptant les 5 facteurs de vie saine, chez les femmes, 30.8% pourraient être attribués à la réduction des maladies cardiovasculaires, 21.2% à la diminution des cancers et 48.0% à toute autre cause de mortalité. Chez les hommes, les chiffres correspondants sont 34.1, 22.8 et 43.1%. Ainsi l'adhérence à ces 5 facteurs augmentent significativement l'espérance de vie en limitant les maladies qui y sont associées. Et comme le montre la figure 2, cette différence peut se faire à n'importe quel âge.

Espérance de vie gagnée en fonction du nombre de facteurs liés au style de vie adoptée et de l'âge

Figure 2. Espérance de vie gagnée en fonction du nombre de facteurs liés au style de vie adoptée et de l'âge.

Applications pratiques

Cette étude montre que de simples modifications dans ses comportement alimentaires (mieux manger, moins boire d'alcool) et son style de vie (pratiquer une activité physique journalière, ne pas fumer et surveiller sa ligne) peuvent permettre de vivre plus longtemps en diminuant notamment le risque de maladies cardiovasculaires et de cancer. Pourtant l'adhérence à ces 5 facteurs liés au style de vie est très faible (environ 8% chez les américains). L'amélioration des traitements médicamenteux, des prises en charge nous permettent de vivre plus longtemps qu'avant, pourtant, cette croissance de l'espérance de vie est freinée par la sédentarité et les mauvais comportements alimentaires, des problèmes qui sont pourtant facilement manipulables et modifiables.

L'étude présente toutefois certaines limites. Tout d'abord, les facteurs liés au style de vie ont été auto-rapportés, certaines erreurs sont donc inévitables. Ensuite, chaque facteur a été considéré de même importance que les autres, alors que leur impact sur la mortalité sont différents. Enfin, certains problèmes de santé n'ont pas été pris en compte comme le stress, le diabète, l'hypertension ou un taux de cholestérol élevé, même si l'adoption d'un style de vie sain aura aussi un impact positif chez ces personnes.

Références

  1. Li Y, Pan A, Wang DD, Liu X, Dhana K, Franco OH, Kaptoge S, Di Angelantonio E, Stampfer M, Willett WC and Hu FB. Impact of Healthy Lifestyle Factors on Life Expectancies in the US Population. Circulation Article in Press, 2018.

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