Parmi les exercices qui permettent le développement musculaire du haut du corps, le développé couché et les pompes sont probablement les plus connus et les plus utilisés. Si le premier nécessite du matériel, le second en est exempt. L'avantage principal des pompes est qu'elles peuvent se pratiquer n'importe où avec comme seule et unique résistance externe, celle de la masse corporelle. A l'inverse, le développé couché est limité en terme de portabilité, mais il permet de varier la résistance de très légère à très lourde. Ce qui permet de moduler plus simplement les adaptations musculo-squelettiques recherchées.
Si l'intensité d'un exercice peut être fonction de différentes variables telles le temps sous tension, le temps de récupération ou la vitesse d'exécution, la charge reste un moyen simple, efficace et fiable de la faire varier. Dans le cas des exercices au poids de corps, le seul moyen de moduler la charge (i.e., la masse corporelle) est d'ajouter une résistance externe comme un lest, une chaîne, ou une bande élastique. Mais même s'il existe des similarités biomécaniques entre les pompes et le développé couché, le fait d'ajouter une résistance supplémentaire aux pompes permettrait-il d'obtenir des gains de force similaires en comparaison au développé couché ?
Pour tenter de répondre à cette question, des chercheurs de l'Université de Valencia, Espagne, ont mis au point un protocole en deux temps afin de comparer dans un premier temps les pompes et le développé couché en terme d'électromyographie, et dans un second temps de comparer les gains de force obtenus dans les deux conditions après 5 semaines d'entraînement.
Pour cela, 30 étudiants (8 femmes et 22 hommes) ont participé à l'étude. Le protocole expérimental consistait tout d'abord à tester le 1RM et le 6RM au développé couché de tous les étudiants, puis à comparer l'électromyographie du grand pectoral et du deltoïde antérieur lors de 6RM en développé couché et 6RM lors des pompes avec bandes élastiques. Enfin, les étudiants étaient réparties en 3 groupes :
Lorsque les 5 semaines du protocole d'entraînement se sont achevées, les étudiants ont de nouveau été testés pour le 1RM et le 6RM au développé couché afin de comparer les progressions des différents groupes.
Les principaux résultats de cette étude montrent tout d'abord que l'activation électromyographique musculaire est similaire lors des deux exercices à 6RM, que ce soit au niveau du grand pectoral ou au niveau du deltoïde antérieur. En effet, l'activation moyenne des grands pectoraux est de 52.90% pour les pompes avec élastiques contre 52.70% pour le développé couché (ndlr, les pourcentages sont exprimés en fonction de la contraction maximale volontaire isométrique). Au niveau des deltoïdes antérieurs, l'activation moyenne est de 62.32% pour les pompes avec élastiques contre 59.53% pour le développé couché.
Ensuite, les résultats du protocole d'entraînement de 5 semaines montrent que les groupes Elastique et Développé Couché ont augmenté significativement leur force musculaire sur le 1RM et le 6RM, et ce, de manière similaire. Même si une légère différence apparait au niveau du 1RM (Table 1). Cette différence pourrait s'expliquer par la spécificité. En effet, le groupe Développé oouché s'est entraîné sur l'exercice qui était aussi le test.
Cette étude montre qu'il est possible, chez des débutants, en réalisant des pompes avec bandes élastiques, de progresser en force de manière similaire au développé couché, le principal avantage étant la portabilité du matériel et la mise en place simplifiée. Il reste à voir ces résultats confirmés avec des sujets plus forts et des athlètes de haut-niveau. Il serait utopique de penser que les pompes avec résistance additionnelle pourrait mener à terme à des développements de force maximale identiques à ceux observés en développé couché chez des athlètes de force. Mais l'utilisation des bandes élastiques a d'autres avantages : elles obligeront le sportif à un meilleur positionnement et à un gainage plus fort, elles pourraient induire un plus fort recrutement des muscles stabilisateurs des articulations scapulo-thoracique et scapulo-humérale et induire des gains au niveau de la production de puissance.
Cela renforce la place des bandes élastiques dans le sac du préparateur physique qui pourra en cas de déplacement avec ses athlètes réaliser du travail de force peu importe l'infrastructure à sa disposition. De plus, pour les sportis qui souhaiteraient s'entraîner à domicile avec peu de matériels, les bandes élastiques seront un bon compromis en terme de coût/performance.
Pour finir, il nous semble important de rappeler que les pompes, comme le développé couché, peuvent induire des blessures au niveau des épaules, et plus précisément au niveau de la coiffe des rotateurs, si elles sont mal exécutées. Il est donc impératif comme pour les exercices avec charges additionnelles de maîtriser la technique avant d'augmenter la résistance.
Nous vous rappelons que vous pouvez citer les articles sous réserve de limiter votre citation à 200 mots maximum et d'inclure un lien nominatif vers celui-ci. Tout autre utilisation, en particulier la copie en totalité sur un forum de discussions, sur un site internet ou tout autre contenu, est strictement interdite.
Copyright © 2011-2024 - www.sci-sport.com - Tous droits réservés