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Perte de poids : Diète vs. Traitement médicamenteux

par A. Manolova | 24 Décembre 2024

L'obésité et le surpoids sont des maladies métaboliques chroniques complexes qui résultent d'une combinaison de multiples facteurs tels que la génétique, les facteurs socio-économiques, les facteurs psychologiques, les dysfonctionnements endocriniens et les choix de mode de vie tels que la sédentarité, l'inactivité physique et les régimes alimentaires à forte densité énergétique. Le surpoids et l’obésité ont des répercussions profondes sur la santé. En effet, au-delà de l'aspect esthétique, le surpoids et l'obésité sont étroitement associés à un dépôt adipeux ectopique anormal, augmentant le risque de diverses maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, la résistance à l'insuline, le diabète de type 2, la dyslipidémie, l'hypertension, la stéatose hépatique et certains cancers. Les estimations sanitaires mondiales de l'OMS montrent que la prévalence mondiale de la surcharge pondérale et de l'obésité augmente régulièrement d'année en année depuis 50 ans. En 2022, avec presque 8 milliards d’êtres humains sur notre planète, environ 38% des terriens étaient en surpoids ou obèses, ce qui représentait environ 2.6 milliards de personnes dont 988 millions d’obèses. Mais suivant cette tendance, les projections pour notre futur proche sont encore plus sinistres. En 2035, il est estimé qu’environ la moitié de l’humanité sera en surpoids ou souffrira d’obésité… Ce qui représentera 4 milliards de personnes en surpoids dont 2 milliards d’obèses. À titre d’anecdote, aux Etats-Unis, 75% des Américains sont déjà en surpoids ou obèses…

La classification du surpoids et de l'obésité repose sur l’indice de masse corporelle (IMC). L’indice de masse corporelle se détermine en utilisant la taille d’une personne et sa masse corporelle. Et bien qu’elle ne donne aucune indication sur le taux de masse grasse corporelle, l'IMC reste un indice pertinent pour toute personne non-sportive, avec toutefois certaines limitations, même dans ce cas de figure. L'IMC est considéré normal pour des valeurs se situant entre 18.5 et 25 kg/m². En dessous de 18.5, on parle d'insuffisance pondérale. Au-dessus de 25, on parle de surpoids, et au-delà de 30, d'obésité.

De nombreuses études indiquent qu'une perte de 5 à 10% de la masse corporelle peut contribuer à améliorer cliniquement le syndrome métabolique. Les lignes directrices pour la prise en charge de l'obésité recommandent des interventions via des changements du mode de vie, un traitement médicamenteux et la chirurgie bariatrique comme approches courantes de la perte de poids. Intervenir sur le mode de vie est l'une des meilleures stratégies pour la perte de poids. La modification des habitudes alimentaires en est une composante essentielle. De nombreux modèles alimentaires, tels que le régime de type méditerranéen, le régime kétogénique, le jeûne intermittent et d'autres peuvent favoriser la perte de poids. Le traitement médicamenteux complète ces interventions comportementales. Des médicaments comme le semaglutide, le liraglutide et la metformine qui sont à l'origine conçus pour le traitement du diabète de type 2 favorisent également la perte de poids en supprimant l'appétit et l'absorption des glucides. Chez des obèses adultes, le semaglutide permet, par exemple, une perte de poids de 17-18 % en 68 semaines. Enfin, même si la chirurgie bariatrique a fait ses preuves dans le traitement des adultes souffrant d'obésité sévère (IMC > 35 kg/m²) et de complications, de nombreux patients hésitent à opter pour cette option en raison de son caractère invasif et de ses complications à long terme.

Or, compte tenu de l'augmentation rapide de la prévalence du surpoids et de l'obésité et des risques potentiels que ces maladies représentent pour la santé, il est urgent de mettre en place des stratégies d'intervention efficaces. Mais entre le changement des comportements alimentaires et un traitement médicamenteux, quelle stratégie sera la plus efficace ?

L'étude réalisée

Pour tenter d'apporter une réponse à cette question, des chercheurs chinois ont réalisé une étude rétrospective afin de comparer les effets d'un traitement médicamenteux et d'une modification du régime alimentaire sur la perte de poids chez des personnes adultes en surpoids ou obèses. Pour cela, les chercheurs ont comparé l'impact d'un régime faible en glucides, de conseils alimentaires équilibrés et d'un traitement médicamenteux sur une période de 3 mois. Au total, ce sont 339 personnes souffrant de surpoids ou d'obésité qui ont suivi un protocole pour la perte de poids. Les avantages et les inconvénients des trois interventions ont été présentés aux participants, après quoi ils ont eu la possibilité de choisir volontairement l'une de ces interventions en fonction de leurs objectifs de perte de poids et de leur situation économique. Le groupe "Régime faible en glucides" comprenait 168 personnes, le groupe "Conseils alimentaires équilibrés" 139 personnes et le groupe "Traitement médicamenteux" 32 personnes. Les trois groupes étaient comparables en termes d'âge, de sexe, d'antécédents d'obésité, d'antécédents de maladie psychiatrique, de mariage et de durée du surpoids ou de l'obésité à chaque période de suivi.

La composition d'un régime faible en glucides était la suivante : 20-30% de glucides, 40-45% de lipides et 30-40% de protéines. Chaque personne a reçu un menu détaillé et personnalisé précisant la quantité d'aliments qu'elle devait consommer chaque jour. Il leur a été demandé de suivre leur alimentation quotidienne en prenant des photos ou en utilisant une application. Chaque mois, un diététicien effectuait une visite en personne pour évaluer l'adhésion et la motivation individuelle.

Les personnes ayant reçu des conseils alimentaires équilibrés se sont vu proposer une répartition des macronutriments telle que 50-65% de glucides, de 20-30 % de lipides et de 10-20 % de protéines. Les protéines provenaient principalement de produits à base de haricots, de noix, de produits laitiers, de volaille, de produits de la mer et de viande maigre. Les graisses provenaient principalement d'acides gras insaturés, tout en réduisant la consommation d'acides gras saturés. Les glucides provenaient principalement de céréales complètes.

Le traitement médicamenteux consistait à prendre du semaglutide (1 mg par semaine) et/ou de la metformine (500mg, 3 fois par jour) pour contrôler leur poids et d'autres indicateurs liés au métabolisme. En outre, il leur était conseillé d'ajouter une activité physique à leur routine quotidienne (150-300 min/sem.).

Lors d'une première consultation, le poids et d'autres paramètres de la composition corporelle ont été évalués par impédancemétrie bioélectrique (InBody 720, Bio Space). Ensuite, chaque mois, une consultation avait lieu.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude rétrospective montrent que le pourcentage total moyen de perte de poids pour les patients suivis pendant 1 mois, 2 mois et 3 mois était respectivement de 4.98% (3.04-6.29%), 7.93% (5.42-7.93%) et 10.71% (7.74-13.83%). Une perte de poids de 5% et plus peut améliorer des marqueurs liés au métabolisme tels que la pression artérielle, la glycémie, l'hémoglobine glyquée (HbA1c), la triglycéridémie et le cholestérol. Cette perte de poids peut également améliorer les pathologies associées comme la stéatose hépatique, le diabète de type 2, l'apnée obstructive du sommeil et l'arthrose, et même réduire le risque de certains cancers.

Au bout d'un mois, les patients suivant un régime faible en glucides ont perdu plus de poids que ceux suivant des conseils alimentaires équilibrés et un traitement médicamenteux. Au bout de deux mois, les patients qui prenaient des médicaments ont perdu autant de poids que ceux qui suivaient un régime faible en glucides, mais plus que ceux qui suivaient des conseils alimentaires équilibrés. Après trois mois, il n'y avait pas de différences significatives dans la perte de poids entre les différentes interventions. L'une des raisons possibles pour la diminution des résultats obtenus avec le régime faible en glucides est que, quel que soit le type d'intervention utilisé, une adaptation métabolique, c'est-à-dire une diminution de la dépense énergétique au repos, se produit au fur et à mesure de la perte de poids. Une autre raison pourrait être que les personnes souffrant de surpoids ou d'obésité ont tendance à avoir des niveaux de lipolyse inférieurs à ceux des personnes ayant un poids normal. Au fur et à mesure que la perte de poids progresse, ces processus se réduisent jusqu'à entraîner un ralentissement de la perte de poids.

De nombreuses études démontrent l'efficacité du semaglutide et de la metformine pour obtenir une perte de poids significative et rapide. Par conséquent, dans la pratique clinique, les médecins recommandent souvent le traitement médicamenteux pour les patients souffrant d'obésité sévère ou d'au moins une comorbidité liée à l'obésité, plutôt qu'une thérapie diététique, plus longue et à laquelle l'adhésion est plus difficile. Les médicaments peuvent aider significativement à perdre du poids via la suppression de l'appétit et/ou en retardant la vidange gastrique. Ces effets peuvent résulter d'une combinaison des effets du médicament sur l'hypothalamus et le tractus gastro-intestinal. De plus, les médicaments contre l'obésité peuvent provoquer certains effets indésirables gastro-intestinaux tels que des nausées, des vertiges et des diarrhées, entraînant ainsi une réduction de la prise alimentaire.

Applications pratiques

Cette étude rétrospective montre qu'un régime faible en glucides est une stratégie efficace de perte de poids à court terme. Cependant, au bout de 3 mois, son efficacité s'atténue, et les résultats sont comparables à ceux observés avec une intervention où des conseils alimentaires équilibrés sont dispensés et avec un traitement médicamenteux. Comme toujours, les résultats restent à prendre au conditionnel. L'adhésion à l'étude a été faible avec un peu moins de 20% des participants testés au troisième mois.

En plus des problématiques liées à la diminution du métabolisme de base, l'adhésion à un régime alimentaire est souvent le plus gros défi sur le long terme pour une perte de poids réussie. Ainsi, même si le changement radical de l'hygiène alimentaire et du mode de vie (diminuer les activités sédentaires et augmenter l'activité physique) reste la solutions la plus saine pour perdre du poids et améliorer sa santé durablement, un traitement médicamenteux peut permettre d'améliorer cliniquement et rapidement l'état de santé de personnes en surpoids et obèses et qui souffriraient d'une comorbidité ou de complications importantes. Il est donc important de tenir compte des caractéristiques individuelles des patients et des résultats à long terme pour une sélection appropriée des stratégies de perte de poids.

Références

  1. Wang L-l, Wang L-l, Liu X-c, Hu H-y, Li H-x, Wei W, Du Q and Yan H-h. Comparison of weight loss induced by dietary and pharmaceuticals in individuals with overweight and obesity: a retrospective study. Br J Nutrition, 2024.

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