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Hypertension : L'isométrique au service de la santé cardiovasculaire

par A. Manolova | 8 Février 2022

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardiaques causent environ 18 millions de morts chaque année, dans le monde. C'est presque un tiers de la totalité des morts dans le monde. Dans l'union européenne, ce sont 49 millions de personnes qui vivent avec une maladie cardiovasculaire. Chaque année environ 1.8 millions de personnes meurent de ces maladies, ce qui représente environ 37% de la mortalité. L'hypertension artérielle serait responsable de près de la moitié de ces morts, soit 13% des décès dans le monde, et plus de 8 millions de morts par an. L'OMS estime que d'ici 2025, 1,56 milliard d’individus seront atteints d'hypertension artérielle. L'augmentation de la pression sanguine est un important facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires : accidents vasculaires cérébraux et maladie coronarienne, notamment.

La pression artérielle est quantifiée par deux valeurs, les pressions systolique (pression maximale dans la circulation systémique lorsque le sang est éjecté par le cœur) et diastolique (pression minimale dans la circulation systémique lorsque le cœur se "relâche"). Pour la plupart des adultes, une tension artérielle normale est de 100-130/60-80 mmHg. Mais lorsque ces valeurs dépassent au repos 140/90 mmHg de manière quotidienne, on parle d'hypertension. De nombreux facteurs influencent la pression artérielle systolique et diastolique, notamment le volume sanguin, la compliance des parois artérielles, et les résistances périphériques. Si certains facteurs génétiques et certaines maladies peuvent entraîner une hypertension, la cause principale est souvent comportementale : alimentation, consommation d'alcool, tabagisme, sédentarité, etc.

Outre ces traitements pharmacologiques, l'activité physique (endurance ou renforcement musculaire) est souvent recommandée pour la prévention, le traitement et le contrôle de l'hypertension artérielle. Elle permet d'améliorer différentes fonctions musculaires (Lire également : Musculation et hypertension : Améliorer sa santé cardiovasculaire) et cardiovasculaires (dont la fonction endothéliale) qui ont pour conséquence de diminuer la tension artérielle. Et les effets cliniques de l'entraînement sont aussi bons voire meilleurs que ceux obtenus grâce aux traitements médicamenteux (Lire également : Hypertension : Exercice vs. Médicaments). Néanmoins, l'entraînement traditionnel de musculation ou d'endurance cardiovasculaire n'est pas toujours le mieux adapté chez tous les publics, particulièrement chez les personnes dont la mobilité est limitée. De plus, l'adhérence est souvent faible. Sachant que la pression artérielle de 50% des personnes souffrant d'hypertension n'est pas gérée correctement et ne se retrouve pas sous les limites conseillées, il est primordial de mettre en place des solutions efficaces et simples. L'entraînement isométrique est une solution simple à mettre en place à domicile et qui ne demande pas trop de temps pour les patients (10 à 40 minutes / semaine). Mais quel est l'efficacité de l'entraînement isométrique pour diminuer la pression artérielle ? Cette méthode est-elle efficace pour les personnes avec hypertension sous traitement médicamenteux ?

L'étude réalisée

Pour répondre à ces questions, une équipe internationale de chercheurs a réalisé une méta-analyse sur données individuelles. Les méta-analyses classiques somment les résultats globaux des études, avec leur incertitude (erreur standard ou intervalle de confiance). Alors que les méta- analyses sur données individuelles des patients, comme le nom l'indique, prennent en compte les données individuelles de tous les patients, avec leurs caractéristiques propres. Ainsi, l'hétérogénéité des données qui est souvent un problème dans les méta-analyses classiques devient un avantage dans les méta-analyses sur donnés individuelles, permettant de prendre en compte de nombreux facteurs. La collecte des données et les statistiques associées sont en revanche plus complexes.

Pour cela, les chercheurs ont récolté les données de 12 études randomisées (et non-randomisées) contrôlées, regroupant 326 participants dont 191 faisaient partie des groupes expérimentaux et 135, des groupes contrôles. Les participants étaient tous âgés d'au moins 18 ans, souffrant ou non d'hypertension, suivant ou non un traitement médicamenteux et la durée du programme d'entraînement isométrique était d'au moins 3 semaines. Les exercices réalisés étaient l'entraînement du grip, le leg extension ou les deux. L'intensité isométrique était égale à 30% de la contraction maximale volontaire pour 124 personnes, 21% pour 26, 18% pour 10, 14% pour 11, 10% pour 11 et 8% pour 9, sur 4 séries de 2 minutes (avec des repos inter-séries variant de 1 à 3 minutes). La fréquence des séances était de 3 fois par semaine pour toutes les études, à l'exception d'une qui réalisait les séances chaque jour.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette méta-analyse sur données individuelles ont montré que l'entraînement isométrique permet de diminuer de manière significative les pressions artérielles systolique (-6.22 à -7.35 mmHg), diastolique (-2.78 à -3.29 mmHg) et moyenne (-4.12 à -4.63 mmHg). La réduction de pression artérielle moyenne démontrée ici possède une réelle significativité clinique puisque les données scientifiques montrent qu'une diminution de 3 mmHg peut réduire le risque de maladies coronariennes de 5%, d'accident vasculaire-cérébral de 8% et le risque de mortalité toute cause confondue de 4%. De plus, ces gains sont tout à fait comparables à ceux obtenus grâce des traitements médicamenteux ou à des programmes d'entraînement cardiovasculaire ou de musculation.

Aucune différence n'a été observée entre les femmes et les hommes, entre les personnes âgées de moins et de plus de 45 ans, entre les personnes ne souffrant pas d'hypertension et celles souffrant d'hypertension, et entre les personnes possédant différents indices de masse corporelle. Bien qu'aucune différence significative n'ait été observée entre les personnes ne prenant pas de médicaments contre l'hypertension et celles en prenant. Une tendance montre que les personnes sans traitement amélioreraient plus leur état de santé grâce à l'entraînement isométrique. Cela pourrait s'expliquer par la similitude qui existerait entre les mécanismes des médicaments et ceux de l'entraînement. Il est proposé que l'entraînement isométrique augmenterait la vasodilatation induite par l'endothélium, ce qui diminuerait la tension artérielle en réduisant la résistance périphérique totale, comme le fait l'entraînement d'endurance cardiovasculaire.

Applications pratiques

Quelques dizaines de minutes par semaine de travail isométrique sur 1 ou 2 exercices maximum à intensité relativement faible (20-30% de contraction maximale volontaire) suffisent à apporter des bienfaits cliniques sur l'état de santé de personnes souffrant d'hypertension. Les exercices du grip peuvent généralement être réalisés n'importe où, n'importe quand, en position assise et sont facilement accessibles à tous les publics, notamment aux personnes ayant des problèmes de mobilité et qui ne pourraient pas commencer immédiatement par un programme d'entraînement cardiovasculaire (marche, course à pied, vélo, natation, etc.) ou par un programme de renforcement musculaire.

Les avantages de l'entraînement isométrique sont nombreux, ne se limitent par à l'aspect performance neuromusculaire et ont un impact clinique important sur la santé des personnes souffrant d'hypertension. D'autres études seront nécessaires pour mieux définir les protocoles optimaux (intensité optimale, fréquence optimale, l'agencement d'exercices optimal, etc.). En attendant, si des personnes de votre entourage ou certains de vos clients souffrent d'hypertension, le travail isométrique du grip peut les aider.

Références

  1. Smart NA, Way D, Carlson D, Millar P, McGowan C, Swaine I, Baross A, Howden R, Ritti-Dias R, Wiles J, Cornelissen V, Gordon B, Taylor R and Bleile B. Effects of isometric resistance training n resting blood pressure : Individual participant data meta-analysis. J Hypertens 37 : 1927-1938, 2019.

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