Les techniques de coups de pied sont nombreuses dans les différents arts martiaux et sports de combat. Les coups de pieds permettent une force d'impact plus puissante tout en restant à bonne distance de son adversaire. En Taekwondo, discipline olympique depuis 2000, les matchs se gagnent au point. Des études montrent que 98% des points proviennent des coups de pied. Le coup de pied circulaire semble être la technique la plus utilisée, et il a été montré que ce coup pied possédait la vitesse et la force d'impact les plus élevées.
Le coup de pied circulaire est donc un axe de travail important en Taekwondo et le développement des qualités de force, de vitesse et d'explosivité semble être un critère important pour la performance à haut-niveau. Si l'entraînement en musculation permet généralement un gain de force, de puissance ou d'explosivité, le problème réside souvent dans le transfert des qualités physiques à l'activité sportive. Pour qu'un transfert puisse avoir lieu, il est nécessaire que les exercices réalisés à l'entraînement sollicitent des spécificités anthropométriques, musculaires, mécaniques et biomécaniques du mouvement réalisé en compétition.
Dans ce cas, un entraînement progressif et spécifique aux coups de pied circulaires avec résistance élastique permettrait-il d'augmenter la vitesse du coup et serait-il plus efficace en comparaison à un entraînement traditionnel ?
Pour répondre à cette question, une équipe anglaise a mis en place un protocole d'entraînement progressif et a comparé chez des taekwondoistes masculins un mode d'entraînement aux coups de pieds circulaires traditionnel et un mode d'entraînement alliant entraînement traditionnel et sessions avec bandes élastiques. L'objectif de l'étude était de comparer les gains en vitesse de frappe.
Pour cela, 12 taekwondoistes ont participé à l'étude. Ces pratiquants ont été répartis en 2 groupes :
Pour le groupe "Elastique", la bande élastique était attachée à la cheville du taekwondoiste et fixée 2.4 m derrière lui. Pour s'assurer que la résistance élastique ne perturberait pas la technique de frappe, les chercheurs ont utilisé l'échelle de Borg lors de tests avant les 4 semaines du protocole. Sur une échelle de 6 à 20, l'effort perçu devait se trouver à 12. Ils ont donc utilisé différentes bandes élastiques (entre 8 et 16 kg de tension) et ajuster la distance entre le point de fixation et la cheville par incrémentation de 30cm.
Pour ce groupe, chaque semaine, une série de 6 coups de pieds était ajoutée et la bande élastique était étirée de 30cm supplémentaire. Néanmoins, cela ne se produisait pas au détriment de la technique.
Enfin, avant et après les 4 semaines de protocole, tous les participants ont réalisé 3 coups de pied circulaires en utilisant leur jambe de prédilection. Pour estimer la vitesse de frappe, deux capteurs ont été utilisés. Le premier était placé sous au sol, sous le pied. Lorsque le pied décolle, le chronomètre est enclenché et il s'arrête lorsque le pied percute la cible où est placé le second capteur. La distance AB (fig. 1) est calculée selon le théorème de Pythagore :
Pour chaque taekwondoiste, la distance AC et la hauteur BC était la même durant les 3 essais. La vitesse de frappe était calculée en m·s-1.
Le résultat principal de cette étude montre que les sessions d'entraînement supplémentaires avec bandes élastiques en 4 semaines ont permis à ce groupe d'augmenter significativement la vitesse de coup de pied circulaire en moyenne de 7%, avec des valeurs individuelles de 5 à 17% (un seul pratiquant n'a pas augmenté sa vitesse de frappe). Tandis que le groupe "Traditionnel" n'a pas augmenté la vitesse de frappe (un seul pratiquant a augmenté sa vitesse de frappe de 6%).
Si les auteurs ne peuvent expliquer l'origine de ces gains, il est fort probable qu'ils soient d'origine neuro-musculaires. Car en 4 semaines, les premières adaptations sont plutôt nerveuses que structurelles (i.e., typologie des fibres musculaires, hypertrophie, etc.). Il est reconnu que la résistance croissante d'un élastique qui est étiré oblige l'athlète à augmenter l'accélération produite pour terminer le mouvement.
Même si le nombre de participants était faible et les auteurs de l'étude n'ont pas calculé l'effet de taille qui aurait pu donné des informations statistiques supplémentaires, cette étude démontre qu'un entraînement spécifique avec bandes élastiques, même sur une courte période, peut permette des gains significatifs. Les résultats sont donc à prendre avec précautions et c'est aux entraîneurs qu'il incombe de tester ce protocole et de l'adapter.
La résistance élastique est un moyen simple et peu onéreux de réaliser des exercices très spécifiques à une activité sportive tout en ajoutant une certaine résistance. Il est important de prendre en considération que les auteurs ont judicieusement choisi d'utiliser l'échelle de Borg pour quantifier l'effort perçu alliée à un contrôle de la technique de coup de pied. En effet, les gains en termes de qualités physiques ne doivent pas influencer négativement la technique.
Vous pouvez retrouver plus d'informations sur l'influence de l'entraînement avec bandes élastiques sur la performance sportive dans notre dossier : "De la Science à la pratique".
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