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Frédéric Roualen, Préparateur physique

par Sci-Sport.com | 11 Juin 2013

Frédéric Roualen, préparation physique, judo, boxe anglaise, squash, équipe de France, Jean-Marc Mormeck, Lucie Decosse, haut-niveau, sport, performance

Bonjour Frédéric, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter ?

F. Roualen - Je m'appelle Frédéric Roualen, j’ai 50 ans et je suis préparateur physique depuis plus de 15 ans. J'ai un parcours assez long et classique dans la préparation physique. J’ai été professeur d’E.P.S. avant d'être entraîneur de judo. C’est l’entraînement en judo qui m’a dirigé vers la préparation physique et mon intérêt a été croissant dans ce domaine. Après, j’ai décidé de ne faire que de la préparation physique, et au début pas forcément dans le judo, j’y suis revenu aujourd’hui mais ce n’est pas exclusif.

J’ai créé une société qui s’appelle Optimisasport qui a comme orientation principale, la préparation physique, les conseils, le suivi et l’évaluation. Acutellement, je travaille sur les formations avec le C.R.E.P.S. de Chatenay-Malabry et un centre d’apprentissage de la porte de Saint-Cloud, sur les formations DE JEPS, BP JEPS. Et en préparation physique, je travaille avec les équipes de France féminines de judo et de squash.

Quel a été ton parcours universitaire ?

F. Roualen - Il y a quelques années avec un brevet d’état, il était possible d’être maître auxiliaire. Mais au bout d’une dizaine d’années, j’ai quitté l’enseignement pour me consacrer dans pleinement à l’entraînement du judo dans un pôle de performance, ce qu’on appelait à l’époque un centre de perfectionnement sportif. C’est à ce moment là que j’ai vu que j’avais de grosses lacunes sur tout ce qui était préparation physique, l’évaluation, le travail sur les filières énergétiques, etc. Je suis donc retourné à l’université de Bordeaux, où j'ai passé un D.U. de 3ème cycle "Evaluation et préparation physique".

A la base, j’étais judoka avec deux sélections en équipe de France. J’ai pu goûter le haut-niveau sans en faire vraiment. J’ai ainsi pu me rendre compte de toute la difficulté d’être réellement sur le haut-niveau. Cela m’a au moins permis de voir cette approche et aussi de faire le tour des méthodes d’entraînement car avec les stages nationaux, internationaux, on voit un peu ce qui se fait ailleurs et cela permet d’avoir une vision plus large de l’activité.

Quelles étaient tes motivations pour t'orienter vers la préparation physique de haut-niveau ?

F. Roualen - Le fait de me pencher sur la préparation physique m’a permis d’approfondir mes connaissances sur la physiologie de l’effort. Ce qui me plaisait, c’est qu’il y avait à la fois une approche scientifique avec des choses purement théoriques, parfois très intéressantes, que mon expérience et ma pratique au quotidien me permettaient de transposer, mais qu'il y avait aussi des limites à tout ce que l’on nous montrait en théorie. Alors finalement, si l'on considère le côté systémique de la préparation physique, je me suis dit qu'il était peut-être possible d'apporter quelque chose qui n’existait pas encore complètement. Car je voyais soit des gens qui étaient purement théoriques et scientifiques et qui prenaient l’être humain comme une succession de cellules qu'il fallait développer, soit des gens qui se disaient préparateurs physiques mais qui en fait, faisaient bouger les gens sans savoir réellement ce qu’ils faisaient. J'ai trouvé intéressant de faire l'interface entre les gens qui ont fait l’effort de voir ce qui se passe du côté de la science et ceux qui ont une connaissance du terrain. Ce sont deux mondes qui à mon sens ne se parlent pas assez souvent.

Donc j’ai trouvé ma place. J’ai eu la chance également que dès que j’ai mis en place mon entreprise, j’ai eu un garçon comme Jean-Marc Mormeck (Champion du monde de boxe anglaise WBA, WBC catégorie Lourd-Léger) qui m’a demandé de m’occuper de sa préparation physique. J’ai fait 10 ans avec lui. J’ai donc eu cette chance au départ de ma carrière de préparateur de travailler avec un champion comme lui. J’ai pu travailler ensuite plus facilement. Et puis, au fil des rencontres, j’ai mis en place des liens professionnels dans domaines non sportifs comme le Théâtre du soleil ou dans des domaines plus artistiques comme l’Opéra de Paris. Cela fait 15 ans, que je fais ce métier, je m’éclate et je découvre toujours de nouvelles choses.

Entraînement de Jean-Marc Mormeck aux Etats-Unis

Figure 1. Entraînement de Jean-Marc Mormeck...(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Entraînement de Jean-Marc Mormeck aux Etats-Unis

Figure 2. Entraînement de Jean-Marc Mormeck...(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Photographie prise après la victoire

Figure 3. Photographie prise après la victoire...(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

C’est super de pouvoir partir dans des directions différentes, de rencontrer des gens compétents dans différents domaines. Car je pense qu’il faut partir du principe qu’il y a plein de compétences partout et qu’il faut faire l’effort d’aller vers les gens et de chercher ce qui se fait ailleurs, de transposer ce qui se fait dans d’autres disciplines. Je n’hésite pas à faire faire de la gymnastique à mes judokates avec un entraîneur de gym sur le pôle France de gymnastique. Je n’hésite pas à emmener Lucie Decosse faire du squash avec l’équipe de France de squash ou à faire de la boxe avec l’entraîneur de Mormeck. Je pourrais aussi lui faire des entraînements de boxe, mais ce qui est intéressant c’est justement de rentrer dans la spécificité de l’activité avec de vrais spécialistes, et puis derrière, les athlètes qui ne sont pas issus de cette discipline, vont s’approprier cette pratique et ça c’est quelque chose qui me fascine.

Préparation des championnats du monde 2006 avec l'équipe de France féminine de squash à l'Alpe d'Huez

Figure 4. Préparation des championnats du monde 2006 avec l'équipe de France féminine de squash... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Avec quelle(s) discipline(s) sportive(s) travailles-tu en ce moment ? A quel niveau ?

F. Roualen - Le judo et le squash, avec un peu le rink hockey avec une équipe que nous suivons depuis 5-6 ans, mais 90% de mon travail, c’est sur le judo et le squash. L’équipe de France de judo, c’est beaucoup de travail et c'est ma priorité. Alors, quand je pars en stages assez longtemps, je mets en place des gens que j’ai formé tout au long de ces années pour me remplacer sur mes autres activités.

Selon toi, quelle est ta touche personnelle en préparation physique ?

F. Roualen - C’est peut-être ma capacité à bien évaluer la situation de départ, à bien cerner les gens. Je pense que psychologiquement, j’ai une bonne capacité à cerner les gens avec qui je travaille. Il y a toujours eu un fort relationnel avec tous les athlètes avec qui j’ai travaillé. Je travaille un peu comme un pilote automobile et son mécanicien. Je ne supporterai pas qu’un athlète ne me parle pas. J’aime bien savoir après la séance ce que l’athlète a ressenti, s'il aurait fallu en mettre un peu plus, si c’était un peu trop dur, etc. Je veux que l’athlète exprime ses envies et c’est à moi de m’adapter. Par exemple, Lucie Decosse, après les jeux, voulait arrêter le judo. En discutant avec elle, elle m’a confié vouloir retrouver l’envie. Alors, sans faire de judo, je lui ai fait faire beaucoup d’autres sports, pour ne pas perdre sa forme, et se changer les esprits. Et petit à petit, elle est revenue, elle s’est sentie de mieux en mieux, et elle a finalement repris le judo.

À chaque fois que j’ai commencé à travailler avec un sport, j’ai commencé par le pratiquer moi-même, et c’est ça qui me permet d’adapter mes entraînements. J’essaye aussi de prendre dans d’autres disciplines tout ce qui peut être bénéfique à une activité. Je pense qu’il y a pleins de choses à transférer d’une activité à l’autre.

Figure 6. Avec Lucie Decosse, championne...(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Préparatifs lors des championnats du monde de judo 2010 à Tokyo, Japon

Figure 5. Préparatifs lors des championnats du monde de judo...(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Peux-tu nous parler de tes méthodes d’évaluation quand tu rencontres un nouvel athlète ?

F. Roualen - Quand je rencontre un nouvel athlète, je fais tout d’abord une analyse de la tâche. Car même si on a une idée globale du football, par exemple, chaque poste est spécifique. Et après chaque athlète a sa propre spécificité. Donc si je ne connais pas l’athlète, je vais le regarder en vidéo, je vais regarder comment il court, comment il change de direction, etc. Je vais regarder le modèle de performance de l’activité, si c’est du sport intermittent ou du sport continu, avec des changements de direction, des acrobaties, de la préhension, de l’opposition... À partir de cela, je vais définir une batterie de tests qui va me permettre de mieux décortiquer l’athlète. Par exemple, avec les judokas, pour définir la V.M.A., j’utilise des tests comme le Luc Léger navette, car en judo, il y a des demi-tours fréquents et je sais que le judoka préfère largement faire un Luc Léger navette plutôt qu’un luc léger piste. Et ce qu’il aimera encore moins, c’est le Vam-Eval, ou le Mercier.

Après sur le travail d’évaluation de la force ou des capacités biomécaniques, c’est pareil, je vais essayer de voir si c’est un sport avec une importance de la puissance côté vitesse ou côté force. Et puis par rapport à des outils comme le Tendo Sports et des mouvements qui seront spécifiques à la pratique sportive, je vais voir si l’athlète est plus puissant sur une poussée, sur un tirage, etc. Pareil sur la vitesse, plutôt que de lui faire faire un 50m, on va lui faire travailler sur une vitesse de coordination, sur une vitesse gestuelle qui va ressembler à sa pratique sportive.

J’essaye vraiment de définir un modèle de performance de l’activité, après un modèle de l’athlète et dans ce modèle, je mets en place des batteries de tests.

En termes d’outils qu’utilises-tu le plus fréquemment ?

F. Roualen - Je travaille beaucoup avec la fréquence cardiaque et la télémétrie. Je travaille beaucoup sous forme de circuits, quelque soit l’activité sportive. J’utilise le plus fréquemment possible lors des séances de musculation, le Tendo Sports afin que l’athlète ait un retour sur ce qu’il fait. C’est un outil très pratique et bien mieux que le Myotest. Il y aussi le swiss ball, les élastiques et le step. Et en musculation, nous avons mis au point avec un fabricant de kimono, des manchons spéciaux qui permettent non plus de tirer sur la barre, mais de tirer sur une manche de kimono. Du coup, les charges sont beaucoup moins lourdes, et on s’apercçoit que la force des doigts est le facteur limitant sur les tirages. Mais cela permet de rester très proche de l'activité.

Qu'est-ce qui te passionne dans ton métier ? Et qu'apprécies-tu le moins ?

F. Roualen - Ce que j’aime le moins, c’est que parfois le tarif d’un préparateur physique n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur par rapport à des gens qui aujourd’hui se bradent. Lorsqu’on se retrouve sur des marchés avec des gens qui fonctionnent à 15 euros de l’heure, qui font le travail n’importe comment, qui n’ont pas de matériels car forcément dès qu’on a du matos cela augmente les coûts, nous sommes sans arrêt en train de justifier nos tarifs car les gens pensent que c’est cher. C’est le côté pénible. Car il faut du matériel, il faut évaluer, cela prend du temps, car en plus de l’évaluation de terrain, il y a toute l’analyse qui se fait en coulisse, et ce travail là n’est pas reconnu.

Si je prends l'exemple américain, aux États-Unis, les mecs s’en foutent du prix du moment que le boulot est fait et bien fait. Et à partir du moment où tu as été bon et que ce que tu fais est reconnu comme efficace, le tarif n’est pas un problème.

Je reproche à beaucoup de préparateurs physiques de ne faire finalement que du coaching. Je me bats un peu pour qu’il y ait une réelle différence entre préparateur physique et coach. Pour moi, ce sont deux métiers différents. Et je pense qu’il y a beaucoup de gens qui font l’amalgame. Lorsque l’on me demande ce que je fais, je me sens parfois presque obligé de me justifier que je ne fais pas de coaching, que mon travail est bien différent.

Par contre, ce qui me passionne, c’est le diagnostique de départ, la projection sur les performances futures de l’athlète avec qui je vais travailler. Je n'ai jamais menti aux gens, à chaque fois que j’ai démarré un travail avec quelqu’un et qu’il m’embauchait pour un objectif précis, à partir du moment où j’ai évalué la personne, que je sais où elle veut aller, je suis capable de dire si ce sera réalisable ou pas. A partir de là, l'enjeu est de réussir à mettre en place un travail qui va permettre à la personne de réaliser ses ambitions et de l’accompagner sur ce chemin. Le vrai performer, c’est lui, et nous on l’aide à se révéler. Et moi, je trouve cela fabuleux ! Quand ça marche, et heureusement, cela marche assez souvent, tu as une satisfaction et une reconnaissance du travail bien fait. Le vrai salaire, la vraie récompense, c’est quand l’athlète a réussi ce pour quoi il avait fait appel à vous. Bien sûr, on ne lui apporte jamais plus que 5 à 10% de sa performance, mais ce pourcentage est peut-être ce qui lui a permis de passer de second à premier...

Lucie Decosse, lors de sa préparation pour les JO de Londres 2012

Figure 7. Lucie Decosse, lors de sa préparation... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

J’ai l’exemple de Lucie Decosse, aux Jeux Olympiques de Londres 2012, où on a passé beaucoup de temps ensemble. Je savais comment elle voulait vivre cette journée à Londres, puisque nous en avions discuté plusieurs fois. Et de voir que cette journée se passe comment elle en avait envie... c’est ma récompense ! Et nous, on vit pour des moments comme celui-là. À la limite, notre boulot ne doit pas se voir si on a été bon. Car cela doit tellement paraitre facile quand l’athlète le fait, on oublie tout le travail derrière.

Lorsque Jean-Marc Mormeck a gagné les deux ceintures WBA et WBC, quand le combat s’est terminé, il lève à peine les bras, il est à peine content, et quand je lui demande s’il se rend compte que ce qu’il a fait est exceptionnel, il me répond que oui, mais finalement, il s’attendait à ce que ce soit plus dur... Bien sûr, il y a des moments où cela ne se passe pas comme cela. Avec Jean-Marc, le combat où il était le mieux préparé est celui où il a perdu. On ne récupère pas toujours les fruits du labeur.

Quels sont tes conseils pour les étudiants qui souhaiteraient s'orienter vers la préparation physique ?

F. Roualen - De pratiquer. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est que par exemple dans les filières S.T.A.P.S., on pratique de moins en moins. Il y a beaucoup de théorie et peu de pratique. La théorie est importante, on apprend des choses, mais en pratique, on les comprend. C’est la priorité. Quand vous voulez faire faire quelque chose à quelqu’un, avez-vous déjà testé vous-même ? Même si vous n’êtes pas un athlète de haut-niveau, quel est votre niveau technique sur les mouvements ? Je ne suis pas capable de réaliser un développé couché à 200 kg, mais si je fais le mouvement, je sais me placer, et je suis techniquement juste.

Mais surtout il ne faut jamais s’arrêter d’aller chercher des informations. La science du sport avance à une grande vitesse, et il y a de plus en plus de gens qui s’orientent vers ce domaine, qui cherchent dans ce domaine, nous sommes au début de ces choses. Et il serait stupide de penser que ce que l’on sait aujourd’hui sera valable jusqu’à la fin de sa carrière. Ce que l’on connait aujourd’hui, c’est le moins faux, mais dans 10 ans, ce ne sera peut-être plus vrai.

Quelle est ta conception de la relation entre recherche scientifique et le sport performance / de haut-niveau ?

F. Roualen - Comme je le disais au début, ce sont deux mondes qui ne se côtoient pas suffisamment. Ce sont deux mondes qui ont des préjugés les uns sur les autres. Les pratiquants pensent que les chercheurs ne servent à rien, et les théoriciens pensent que les sportifs ne comprendront pas ce qu’ils ont à dire. Je pense qu’il y a des gens très intelligents dans leur pratique respective, et les deux auraient énormément à gagner à travailler ensemble. Je ne me gêne pas de dire aux athlètes que les protocoles d’entraînement qu’ils font sont parfois issus du laboratoire scientifique et à l’inverse, je n’hésite pas à communiquer avec le chercheur sur ce que son protocole donne sur le terrain. Les deux ont peur l’un de l’autre. Et pourtant les deux sont indispensables.

Les scientifiques font gagner du temps, ils permettent d’éviter les conneries, de se taper 3 fois la tête dans le mur pour finalement comprendre que le mur ne cassera pas. Evidemment, il y a de fortes chances de s’en rendre compte par soi-même mais s’il a fallu casser 3 athlètes pour s’en rendre compte, ce sont 3 athlètes qui ne perceront jamais...

Du coup, derrière, tu réagis beaucoup plus vite. Le chercheur ne te donne pas forcément la bonne réponse, mais il te donne la direction. Et grâce aux connaissances et à l’expérience du préparateur physique, il est possible d’y aller plus sereinement. Mais personne ne détient la vérité absolue, il faut écouter, apprendre et communiquer.

Merci Frédéric d’avoir accepté de répondre à nos questions !

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