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Personnes âgées et diabète de type 2 : les effets positifs de la musculation

par P. Debraux | 12 Juin 2012

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Chez les personnes âgées, le diabète de type 2 est très courant. Il est associé à une diminution de la sensibilité à l'insuline due en partie à la diminution de l'activité physique des personnes et à l'augmentation de la masse grasse viscérale au niveau de l'abdomen. L'activité physique et sportive joue un rôle bénéfique sur cette sensibilité à l'insuline, les recommandations pour les patients atteints de type 2 sont de pratiquer une activité d'endurance, comme la marche, le vélo ou encore la natation.

Il a été démontré que l'entraînement de musculation permettait de diminuer le tissu adipeux viscéral. L'Amercian College of Sports Medicine recommande d'ailleurs la pratique régulière d'un entraînement en musculation progressif pour des personnes atteintes du diabète de type 2. De plus, comme nous vous l'avions rapporté dans un autre article, l'entraînement en musculation chez des personnes âgées permet de limiter la perte de masse musculaire, d'améliorer la force, la puissance et la mobilité. Il semble donc tout à fait à propos que des personnes âgées présentant un diabète de type 2 suivent un programme de musculation progressif.

Néanmoins, pour que ce type de public suive avec assiduité le programme, il est nécessaire que le temps et la fréquence des séances soient optimisés. Dans ce cas, deux séances hebdomadaires permettraient-elles des améliorations significatives de l'état de santé ?

L'étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs espagnols a suivi des personnes âgées de 66 ans en moyenne pendant 20 semaines lors d'un protocole impliquant 2 séances hebdomadaires de musculation axées sur le travail progressif de la force et la puissance. Aucune diète spécifique à la perte de masse grasse n'a été mise en place.

Les chercheurs ont mesurées les différentes variables à 4 semaines avant le début du protocole d'entraînement, juste avant le début du protocole, à 8 semaines, et à 16 semaines (i.e., juste à la fin du protocole) :

  • Variables anthropométriques : Masse corporelle, somme de 7 plis cutanés, pourcentage de masse grasse corporelle, volume de graisse abdominale sous-cutanée et viscérale, apport et dépense énergétiques journaliers.
  • Variables métaboliques : Niveau de la glycémie à jeun, Niveau d'hémoglobines glyquées (HbA1c), sensibilité à l'insuline.
  • Variables biologiques : Concentration de testostérone, de testostérone libre et de cortisol.
  • Variables musculaires : Évaluation du 1RM au Développé couché et au Demi-Squat.

Le programme d'entraînement progressif de 16 semaines consistait en un travail de force et de puissance. Deux séances hebdomadaires étaient réalisées, chaque séance durait environ 45 à 60 minutes, et elles étaient espacées de 2 jours minimum.

Figure 1. Deux entraînements de musculation hebdomadaires améliorent la sensibilité à l'insuline.

Une séance se composait de deux exercices pour les membres inférieurs (Presse à cuisse et extension du genou), d'un exercice pour le buste (Développé couché) et de 4 à 5 exercices pour les principaux groupes musculaires du corps. Lors des 8 premières semaines, les participants réalisaient 3-4 séries de 10-15 répétitions à 50-70% du 1RM. Lors des 8 dernières semaines, ils réalisaient 3-5 séries de 5-6 répétitions à 70-80% du 1RM. Tous les exercices étaient réalisés sur machine, et la consigne principale était d'exécuter toutes les répétitions le plus rapidement possible.

Résultats & Analyses

Après 16 semaines d'entraînement progressif, les principaux résultats montrent que bien que la masse corporelle des participants n'ait pas changé, La somme des 7 plis cutanés (- 8.5%), le volume de graisse abdominale sous-cutanée (- 11.2%) et viscérale (- 10.3%) ont significativement diminué. De plus, la sensibilité à l'insuline s'est significativement améliorée de 46.3%, et la glycémie à jeun a significativement diminué de 7.1%. L'apport énergétique a toutefois significativement augmenté sans que les dépenses énergétiques aient changé. Enfin, la force musculaire a significativement augmenté de 17.1% en Squat et de 18.2% en Développé couché.

La masse corporelle des participants n'a pas changé après les 16 semaines de protocole alors que les apports caloriques ont significativement augmenté de 15.5%. Cela indique que l'entraînement seul a permis un gain de masse maigre (et en particulier de masse musculaire) et une perte de masse grasse significative. Ces résultats suggèrent que chez des personnes âgées atteintes de diabète de type 2, deux entraînements hebdomadaires sans diète orientée "perte de masse grasse" suffisent à améliorer significativement la sensibilité à l'insuline, la glycémie, la composition corporelle et la force.

L'entraînement seul améliore la sensibilité à l'insuline même si le mécanisme qui les lie n'est pas encore totalement expliqué. Chez les personnes âgées, l'insulinorésistance est souvent liée à l'augmentation de la masse grasse abdominale (sous-cutanée et viscérale). Ainsi, la diminution de la masse grasse abdominale semble être une des causes de l'augmentation de la sensibilité à l'insuline. De plus, la masse musculaire pourrait jouer sur la glycémie. Des études ont montré une corrélation entre la glycémie et la masse musculaire. Cela pourrait s'expliquer par une augmentation des zones de stockage du glucose, ce qui réduirait les quantités d'insuline libérées pour réguler la glycémie.

Applications pratiques

L'entraînement en force et en puissance permet pour des personnes âgées de multiples gains : force, puissance et mobilité. Cette étude montre également que seulement 2 séances hebdomadaires de 45 à 60 minutes permettent une amélioration de la sensibilité à l'insuline et de la glycémie à jeun. Cette amélioration de l'état de santé s'accompagne d'un gain de force et d'une diminution de la masse grasse corporelle.

La prescription de ce type d'entraînement semble être positive pour améliorer l'état de santé et le quotidien de personnes âgées présentant un diabète de type 2. Toutefois, il est nécessaire de rappeler que des personnes sédentaires doivent apprendre l'exécution parfaite des exercices avant de travailler progressivement à des intensités élevées. Les machines à charges guidées peuvent, dans ce cas précis, être une bonne alternative aux charges libres puisqu'elles permettraient une meilleure sécurité dans l'exécution des différents mouvements.

Références

  1. Ibanez J, Izquierdo M, Arguelles I, Forga L, Larrion JL, Garcia-Unciti M, Idoate F and Gorostiaga EM. Twice-weekly progressive resistance training decreases abdominal fat and improves insulin sensitivity in older men with type 2 diabetes. Diabetes Care 28 (3) : 662-667, 2005.

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